De l'utilité d'une bâtie, la guerre de tranchée avant l'heure.
(notez l'emploi conjointe d'arbalètes à un pied, deux pieds et à tour)
"1312 - La guerre fait rage entre les Savoyards et les Dauphinois dans le Haut-Grésivaudan. Le bailli de Savoie décide d’édifier une bâtie en surplomb des gorges du Bréda, juste en face d’Avalon sur la colline de Mont-Bertrand entre Villard Benoît et la Chapelle Blanche, donc en plein mandement dauphinois. Les manœuvres savoyards construisent une première bâtie de Mont Briton sur un premier mollard, également connue sous le nom de Mollard de La Perrière. Sous la menace constante de l'ennemi, ils sont protégés par une trentaine de cavaliers. La construction de la bâtie savoyarde dure trente jours pour quarante hommes : sept tailleurs de pierre pendant dix-sept jours et dix maçons pendant trente-quatre jours dans les fossés pour tailler la roche et élever des murs. Quatre-vingts charpentiers mettent neuf jours pour fabriquer une machine de jet (sans doute une baliste) dans la première bâtie après avoir dressé une tour de bois. Le charpentier Geoffroy de Rotherens construit deux hourds en bois sur les deux tours, le toit d’une d’entre elles était recouvert d’un grand mantel pour le défendre du feu .
Une fois la bâtie construite, Guillaume de Verdon, châtelain de Pont de Beauvoisin, organise depuis Montmélian une chevauchée contre Avalon en janvier 1313 avec cent quarante-neuf cavaliers. Le château, mal fortifié, est pris, pillé et incendié ainsi que toutes les maisons-fortes du bourg. Le vivier voisin qui servait de rempart du côté sud avait été préalablement détruit et le prieuré, où il y avait trois moines, saccagé. La vengeance du Dauphin ne tarde pas : la bâtie de Mont-Briton est assiégée et prise par les dauphinois dès le 13 mars. En guise de butin, ils emmènent du blé et du vin. Deux mois plus tard, le 13 mai, une deuxième bâtie de Mont-Briton est élevée par le bailli de Savoie. 35 hommes travaillèrent aux fossés nouveaux de la seconde bâtie, creusés au delà des autres fossés, pendant près d'un mois. Un maître terrassier et 9 hommes restèrent 39 jours dans les fossés de la première bâtie qu'il fallait réparer et gazonner et aux autres fossés primitivement creusés et contigüs à ceux qu'il fallait creuser nouvellement. Une fois la bâtie terminée, on emmagasine aussi 1 400 carreaux d’arbalètes à un pied, autant pour des arbalètes à deux pieds, 300 pour arbalètes à tour, ainsi que de la cire, des cordes, de la poix et du soufre. Pendant les travaux, les attaques ne cessent pas malgré les 150 nobles qui se relayent pour protéger le chantier et de nombreux manœuvres sont blessés. Il faut faire appel à 3 chirurgiens qui soignent, pendant 21 jours et pour 60 sols viennois chacun, les nombreux blessés de l’attaque précédente. Une nouvelle trêve intervint, début juin 1313 puis au mois de juillet, sur ordre de l’empereur Henri VII qui interdit au dauphin d’attaquer le comte de Savoie, car il avait fort bien défendu les intérêts impériaux en Italie. Au cours de discussions, les Savoyards promirent d’évacuer le château d’Avalon et les deux camps de laisser les paysans labourer et vendre leurs produits en paix et enfin de ne plus rien construire à Mont-Briton.
Le 10 juin 1314, le conflit prend fin par le traité de Villard Benoît, entre Avalon et Laissaud, établi dans l'église du lieu. L’accord porte sur la restitution de nombreux châteaux en Viennois et Grésivaudan : pour notre région, le Dauphin rend Arvillard et Entremont (qui avaient donc été préalablement pris ou repris) ; le comte lui s’engage à détruire la bâtie de Mont Briton, pour que le Dauphin jouisse de sa juridiction au delà du Bréda dans le mandement d’Avalon. Ni l’un ni l’autre ne pourront bâtir de forteresse à partir des Mollettes. Des bornes seront plantées entre les mandements d’Avalon et de Montmélian. Pour simplifier, le ruisseau du Bréda devenait frontière entre les états. "
Lu sur l'excellent site
http://www.atelierdesdauphins.com/consacré à l'histoire du Dauphiné et notamment l'histoite du Gresivaudan
(vallée entre Grenoble et Chambéry).