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| Sujet: Les Croix, empblemes ? Sam 2 Aoû - 1:08 | |
| Les croix, emblèmes nationaux au Moyen Âge Dans l'esprit du grand public, un combattant médiéval portant une croix sur ses vêtements est aussitôt associé aux Croisades ; ce qui, à l'origine, est vrai. Mais la croix prend une autre signification à la fin du Moyen Âge. Dès le milieu du XIVe siècle, les combattants Français et Anglais se reconnaissent grâce à des croix de couleurs différentes ; cet exemple est bientôt imité par d'autres nations. Ces croix sont portées jusqu'à la fin du XVe siècle, et même beaucoup plus tard. Il peut s'agir de deux bandes de drap de laine, fixées sur le vêtement ou sur l'armure, ou cousues à un surcot porté par-dessus le reste de l'équipement.
La « croix de saint Georges » (croix rouge) anglaise
« L'en leur court sus par derriere O haches de nouvelle forge, Et crioit l'en bien hault : Saint George »
("Histoire de Jehan IV dit le Conquérant", poème breton de la fin du XIVe siècle, passage racontant la bataille d'Auray)
Ce sont peut-être les Anglais qui, sur ordre du roi Edouard III, ont les premiers repris une croix comme signe de reconnaissance sur le champ de bataille au milieu du XIVe siècle.
Cette croix est rouge et symbolise les armoiries mythiques du saint invoqué dans le cri de guerre national : « Saint Georges ! »
Combat entre Français à croix blanche et Anglais à croix rouge (miniature du XVe siècle, BNF)
Les archers à croix rouge de retour en Normandie 550 ans après : membres du groupe anglais « Mesnie Nicolas » lors de la reconstitution de la bataille de Formigny (1450) en Septembre 2000 (photo « Moyen Age »)
La croix blanche française
L'usage d'une croix blanche par des troupes françaises est attesté dès 1355.
Cet archer, membre de « Lys & Lion 1462 », porte la livrée à croix blanche des soldats français du XVe siècle (photo « Lys & Lion »)
« Il porte la croix blanche, les esperons doréz Et au bout de sa lance, ung fer d'argent doré. Ne pleurez plus la belle, car il est trespassé : Il est mort en Bretaigne, les Bretons l'ont tué »
("Gentilz Gallans de France", chanson française du XVe siècle)
La croix noire bretonne
Quelques auteurs supposent que les Bretons portaient déjà une croix noire lors des Croisades, mais on ne semble guère trouver de sources sûres à ce sujet avant le XVe siècle.
Il semble, par exemple, peu probable que les Bretons du début de la Guerre de Cent Ans aient porté la croix noire : la guerre de Succession de Bretagne (1341-1364) les divise en deux camps, l'un allié aux Anglais, l'autre allié aux Français, et chaque camp paraît accepter les usages de son grand allié. Il est vrai qu'à Auray (1364) Jean IV crie « Malo au riche duc ! » mais il s'agit là d'un cri de ralliement dynastique plutôt que national.
Lorsqu'en 1373 ce même duc Jean IV, provisoirement exilé, chevauche en Aquitaine contre les Français, il est rémunéré selon le barême officiel des nobles anglais ; on peut donc supposer que lui et sa suite portent soit la croix rouge, soit rien du tout. Et lors d'une escarmouche, le duc lance son cri de guerre mais ses gens le suivent avec le cri anglais :
« Et va criant comme un Turc : Malo, Malo au riche Duc. Ses gens crioient à plaine gorge, En courant après li : Saint George »
("Histoire de Jehan IV dit le Conquérant", poème breton de la fin du XIVe siècle)
Il n'est mentionné aucune croix lors du retour de Jean IV en Bretagne en 1379. Celle-ci fut-elle adoptée sous son règne ? Ou sous celui de Jean V, au moment ou les Bourguignons adoptent leur sautoir rouge pour répondre à la situation troublée du royaume ? Ou beaucoup plus tard ? La question reste ouverte...
Bretons à croix noire contre Anglais à croix rouge (le Combat des Trente (détail), miniature du XVe siècle, BNF)
La croix noire est en tous cas le signe de reconnaissance des troupes bretonnes du duc François II contre les soldats à croix blanche de Louis XI, puis d'Anne de Beaujeu, durant les conflits britto-français qui commencent en 1465 pour culminer à la fin des années 1480.
Surcots à croix noire portés par le corps de « Francs-archers vannetais » du groupe les « Lances de Bretagne » (animation au Fort la Latte (22), mai 2004)
La « croix de saint André » : le sautoir bourguignon
Philippe le Hardi, fils du roi de France Jean II le Bon, reçoit de celui-ci le duché de Bourgogne en 1364. La Bourgogne fait alors bien partie du royaume et ses troupes portent, à cette époque, la croix blanche française.
Les choses changent au début du XVe siècle : la guerre civile fait rage en France entre les « Armagnacs » et les « Bourguignons ». Ceux-ci abandonnent alors la croix blanche, puis adoptent un « sautoir » (croix transversale), la « croix de saint André ».
Saint André, lié à sa croix transversale, au-dessus des armoiries du duc de Bourgogne (miniature du début du XVe siècle, BNF)
Le sautoir rouge est donc porté sur les champs de bataille par les troupes des ducs Philippe le Bon et Charles le Téméraire. A la mort de ce dernier, en 1477, le duché de Bourgogne est démembré : une partie de ses domaines est récupéré par l'archiduc d'Autriche, époux de Marie de Bourgogne (fille de Charles) ; l'usage du sautoir rouge y sera maintenu.
Le sautoir blanc, emblème de l'Ecosse
Aux XVe et XVIe siècles, les troupes écossaises se reconnaissent à un sautoir blanc, et portent une bannière bleue à sautoir blanc (en plus de la bannière au lion des rois d'Ecosse).
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